ROGER TEISSERENC

  1897 - 1936

Notes biographiques

 par Roger et Catherine  Teisserenc

 

 

Roger TEISSERENC est né le 24 Février 1897, dans la maison familiale, 3, rue de la République à Lodève. Il est le 5ème garçon et le 8ème de la fratrie dans la famille qui comptera 12 enfants.

Après des études primaires à Lodève, comme ses frères, il est mis en pension à l’École Libre du Sacré Cœur de Montpellier. En 1912 à 15 ans,  il entre au collège Saint Joseph à Sarlat. Il passe avec succès en juillet 1914 la 1ère partie de son baccalauréat «Latin-Sciences ».

La première guerre mondiale éclate et le 8 Mars 1915, tout juste âgé de 18 ans, il signe son engagement à Montpellier au 9ème régiment d’artillerie de campagne en garnison à Castres.

Le 22 mars 1915 il obtient son diplôme de bachelier mention « Latin-Sciences ».

En septembre 1915, première crise d’appendicite alors qu’il est engagé au 9ème  d’artillerie. Le 9 janvier 1916, il est opéré de l’appendicite à Lodève. Ce renvoi en arrière  lui sauve la vie, car ses camarades sont tués au front à ce moment-là.

Le 10 juillet 1916, il rejoint au dépôt le 9ème d’artillerie, mais en août 1916, pour raison de santé, il est versé dans l’armée auxiliaire.

Le 10 février 1917, âgé de 20 ans, ayant retrouvé la santé, il écrit à ses parents une lettre émouvante pour leur demander la permission de réintégrer l’armée : «  Je viens aujourd’hui en toute simplicité solliciter de votre bonté l’autorisation de redemander à passer dans le service armé…Je sais qu’en partant pour le front, j’augmenterai le poids déjà lourd de vos soucis, vous souffrirez et ça je le sais, mais l’amour que l’on porte à ses parents doit-il passer avant le devoir ?Car je considère de mon devoir, maintenant que je suis en excellente santé de faire comme mes camarades…Je compte, mon cher Papa, ma chère Maman, sur votre courage et sur votre compréhension du devoir pour répondre  d’une façon affirmative à ma demande… »

Le 30 mars 1917, sur sa demande, il s’engage dans le service armé . Il  est affecté au 81ème régiment d’artillerie lourde et part pour le fort de Noisy-le-Grand afin de faire son apprentissage dans les tanks. En septembre 1917, il quitte Orléans pour la zone des armées à Chauliers.

En mars 1918 il entre à l’école militaire de Fontainebleau et en sort en juin 1918 avec le grade d’Aspirant.

Le 12 juin 1919,  il est promu sous lieutenant, il est démobilisé en septembre 1919.

 Le 3 novembre 1919 il entre à l’école de l’électricité de Nancy qu’il quitte en novembre 1920 pour intégrer l’école d’électricité de Paris et préparer une licence de mathématiques. En avril 1921, il obtient le premier certificat de licence mathématiques générales. En juillet 1925, il quitte Paris rue de Sèvres avec son diplôme d’ ingénieur de l’École Mécanique d’Électricité en poche.

Quelques années plus tard, il crée son entreprise et travaille pour « Sorgues et Tarn » à l’électrification des campagnes.

Il fait la connaissance de Mireille Peyre de Fabrègues avec qui il se marie le 8 décembre 1931 en l’église Saint Philippe, rue Sylvabelle, à Marseille.

Le chanoine Édouard Monier grand ami de Maurice Teisserenc, qu’il avait rencontré au séminaire français de Rome, et ami de la famille de Fabrégues, bénit leur union. Son homélie est poignante d’affection envers les 2 familles :

« Allez donc joyeux vers l’avenir, la main dans la main. Le passé des vôtres, votre passé, votre présent se portent garant de votre avenir… »

Un enfant voit le jour : Micheline (x Jean Cavalier), suivi d’un deuxième :  André, puis de la promesse d’un troisième : Roger. Mais c’est le drame : Roger Teisserenc meurt tragiquement à l’âge de 38 ans le 4 Février 1936 sur le Larzac, assassiné par deux  garçons âgés de 15 et 17 ans en leur portant secours.

Son fils Roger naît deux mois plus tard.

  Le drame

Le 4 février 1936 au lieu dit « Terradouire » sur le Larzac vers 13 heures, Roger Teisserenc âgé de  38 ans, se rend à St Affrique chez « Sorgues et Tarn ». Il s’arrête pour porter secours à deux jeunes qui lui font signe et lui indiquent que leur moto est en panne.

« Prompt à rendre service le Sieur Teisserenc sort de sa voiture, prend une clef dans son coffre et la remet à l’un des bandits nommé Lavaux (17 ans au moment des faits) qui la fait passer à Condat (15 ans). Ce dernier fait semblant de réparer la motocyclette et de démonter une bougie. Le Sieur Teisserenc quelques instants après prend la clef des mains de ce dernier et se penche à son tour sur la moto. Lavaux qui se tient derrière l’automobiliste sort de sa poche un pistolet et tire à bout portant 2 balles dans la nuque de Monsieur Teisserenc » (Journal, le Petit  Méridional, au moment du procès le 8 décembre 1936)

S’étant emparé de l’argent, d’une montre en or et des papiers, les 2 bandits prennent la route direction Nice. Ils seront arrêtés le lendemain à Grasse , mais  Lavaux s’enfuit et sera arrêté le 7 février à Marseille.

Le procès d’Assise eut lieu à Rodez les 8, 9 et 10 décembre 1936, on apprendra qu’avant le crime cinq automobilistes se sont arrêtés mais que les jeunes vauriens n’osaient pas encore mettre à exécution leur plan prémédité !.Tous les deux sauvent leur tête à cause de leur jeune âge mais sont condamnés à 20 ans pour Condat et aux travaux forcés à perpétuité pour Lavaux

Cet ignoble assassinat restera dans la mémoire collective de cette paisible région, une complainte [1] a été écrite sur la gentillesse et la serviabilité de Roger Teisserenc sauvagement tombé dans un guet-apens.

Une souscription publique sera ouverte pour l’érection d’un monument  « afin de perpétuer l’émotion du Lodèvois et son horreur devant un pareil attentat »

  PS. La croix érigée par souscription publique en bordure de la RN 9 a été surélevée par la famille avec l’accord du Maire de Cornus et de la DDE pour être visible de l’autoroute A 75. Elle se trouve à quelques centaines de mètres du lieu du drame aux Infruts sur un terrain offert par la famille Crassous.

 

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[1] NDLR – publiée dans notre bulletin N°7 (1995)  page 67.